Jinrou-Scantrad
Embrasse-moi, menteur
Présenté par : Jinrou-Scantrad
Traduction : Alcancia
Correction : Angie
Chapitre 12
— Vous avez tort, dans tous les cas. Je n’ai pas de vie secrète. Si je ne dors pas bien la nuit, alors j’aurai du mal à vous assister toute la journée.
— Wow, s’exclama lentement Keith.
Je le dépassai et pressai le bouton de l’ascenseur. Puis, alors que je faisais un pas en arrière, en attendant que les portes s’ouvrent, Keith reprit soudain.
— Donc, tu es le même, de jour comme de nuit ?
— Oui. Pourquoi serais-je différent ?
Aussitôt eus-je fini ma phrase que je le regrettai. Je commençai à m’inquiéter de l’avoir contrarié. Par chance, il ne montra aucune réaction qui sortait de l’ordinaire. Il ne fit que se moquer de moi, comme à son habitude.
— Un homme ennuyeux de jour comme de nuit.
Je me retins de répliquer cette fois-ci. Il avait vu clair en moi. J’étais vraiment une personne sans intérêt. Je n’étais pas joueur comme Grayson et je ne faisais pas de fines blagues. Ça avait été ainsi jusqu’à maintenant et ça le serait pour toujours. En fin de compte, les gens ne changeaient pas aussi facilement.
— La rigueur est ma seule force, après tout.
L’ascenseur arriva juste à temps. Je souris et j’ajoutai :
— Je suis sûr que cela vous sera très utile, monsieur.
Les portes s’ouvrirent. Au lieu d’entrer, Keith ne bougea pas et me fixa. Je tendis une main à la hâte, au cas où le battant se refermerait sur lui, et de l’autre, je l’invitai poliment à y monter. Alors seulement, il y pénétra. Mais, avant que je ne puisse le suivre, il annonça :
— C’est l’heure du déjeuner.
Ah.
Tandis que j’hésitais, la porte commença à se fermer et je le vis appuyer sur le bouton. Un instant plus tard, je me souvins qu’il avait un rendez-vous.
* * *
Quand je lui transmis le message de Keith par téléphone, Whitaker me questionna d’un ton professionnel.
— Oh, vraiment ? Pouvez-vous me fournir la liste des invités et le nombre de participants ?
Je lui répondis que je lui enverrais un e-mail dans la journée, dès que j’aurais la confirmation de leurs présences.
Après avoir raccroché, je triai les invités par ordre alphabétique et les partageai entre tous les autres secrétaires. Je leur demandai alors de s’assurer de la présence de chacun et de me faire un rapport. Puis, je m’occupai de la liste qui m’était affectée.
Nous devions retourner travailler dès que la pause serait finie. Je rejoignis mon bureau, adjacent à celui du président, et commençai à appeler les convives un par un.
— Bien sûr que je viens, répondit Grayson en prenant le téléphone à son secrétaire. Tu viens aussi, Yeonwoo ?
— Moi ? demandai-je, surpris par sa question soudaine.
Sa voix sonna comme s’il souriait.
— Ouais, puisqu’il devrait y avoir un superviseur… À moins que ce soit Charles qui s’en occupe ?
Bien qu’il y ait une chance que cela change, je superviserais sûrement l’évènement. S’il avait eu lieu dans le manoir de Keith, Charles, son majordome, aurait pris le relais. Mais ce ne serait pas le cas, puisque cette fois, il était organisé sur un bateau de croisière. Dans ce genre de cas, la soirée était gérée par un intervenant externe, tel que moi ou un professionnel.
Cependant, le fait d’engager un organisateur d’évènement, ou que Charles la supervise ne signifiait pas que je n’aurais pas de travail. En cas d’urgences imprévues, je devais être disponible pour nettoyer. Par conséquent, je devais être présent, quoi qu’il arrive.
Bien sûr, nous n’avions engagé personne et Charles n’avait pas été requis. Keith m’en avait laissé la charge et j’avais décidé de ne pas le faire.
Je pris un instant avant de répondre.
— Je pense que je serai là.
— Ah oui ?
Un étrange silence s’installa jusqu’à ce qu’il prenne tout à coup la parole.
— Tu as toujours tes médicaments sur toi, n’est-ce pas ?
— Oui, bien sûr.
Comme d’habitude, j’avais répondu formellement, et il murmura alors que c’était une bonne chose.
— On se voit à la soirée, Yeonwoo. Ne sois pas trop surpris, même si tu vois quelque chose que tu ne devrais pas.
Il raccrocha en me laissant avec ce mystérieux conseil. Je fixai le téléphone. Dans tous les cas, je ne pouvais pas le rappeler pour lui demander ce qu’il voulait dire. Malgré cet étrange pressentiment, je n’avais d’autres choix que de l’ignorer et de composer le prochain numéro de la liste.
* * *
La préparation de la soirée s’était bien passée. Je l’avais fait de nombreuses fois et il n’y avait rien de spécial. La seule différence était qu’elle se déroulait ailleurs.
Le luxueux yacht de Keith était assez grand pour contenir trois cents invités à son bord. Seuls cinquante avaient été conviés, ce qui laissait beaucoup de marge. Même s’ils ramenaient tous un partenaire, le nombre de participants ne devrait pas excéder deux cents. Au cas où, j’avais prévu des boissons et des plats pour une moyenne de deux cent cinquante personnes. Toutes les suites avaient été nettoyées et agencées si quelques-uns des convives tombaient malades ou avaient besoin de se reposer. Les préparatifs étaient parfaits.
La soirée commençait à sept heures, mais certains arrivaient toujours en avance ou en retard. Pour être honnête, je savais qu’une soirée comme celle-ci était une « soirée mondaine ». Je ne savais pas que Keith possédait autant d’amis, mais je le pris pour argent comptant. Après tout, je ne connaissais pas son réseau personnel. Tout ce que je connaissais, c’était que sa définition « d’ami » différait de la mienne.
C’était sûrement le cas. En fait, il était compliqué de trouver des similitudes entre nous.
— Bienvenue, Monsieur… Norman.