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Le Prince de Glace et sa Fée

Présenté par : Jinrou-Scantrad

Traduction : Elrika

 

Correction : Angie

❄❄❄❄❄❄❄

Chapitre 5 : "Miss" Fae


 

Qin Rong fixa le garçon du regard, visiblement surpris par cette demande. Considérant qu'il s'agissait d'un enfant devant lui, il s'était attendu à quelque chose de plus fantasque, mais face à un souhait aussi humble, il se sentit un peu coupable d'avoir eu l'intention de se contenter de s'y soustraire après avoir entendu la requête.

 

Le garçon, en voyant le froncement de sourcils de Qin Rong, se mit à trembler, les larmes lui montant aux yeux.

 

— Est-ce... Est-ce trop demandé ? marmonna-t-il, ses yeux devenant plus humides. 

 

Après une inspection plus poussée, Qin Rong s'était rendu compte que ses propres yeux étaient d'un or brillant, une couleur intéressante.

 

— Non, mais... 

 

 Qin Rong se gratta la tête, ne sachant pas comment réagir. Il n'avait jamais été dans une telle situation. 

 

— C'est vraiment tout ce que tu veux ? 

 

— Hn. 

 

 Le garçon fit un signe de tête avec une lueur déterminée dans les yeux.  

 

— Je n'ai jamais eu d'amis alors… reprit-il.

 

Mon Dieu, c'était juste triste. Qin Rong était solitaire par choix, il ne pouvait donc pas imaginer à quel point une personne voulant de la compagnie pouvait se sentir seule. Son unique souhait face à ce qu'il supposait être une fée toute puissante était d'avoir de la compagnie.

 

Quel genre de monstre dirait non ?

 

— Bien, soupira-t-il en détournant le regard. Je suppose que c'est mieux que d'errer toute la journée. 

 

 Il était vraiment fatigué. Tout au long du jour, ces deux cinglés avaient essayé de l'attraper. Il s'était évidemment enfui, mais son instinct lui disait de ne plus aller en ville pendant un certain temps.

 

Un peu plus, et il se ferait pincer par ce bel homme et son serviteur.

 

— V-vraiment ?! 

 

 Le jeune garçon sauta de joie en attrapant sa main. Ses yeux noirs comme la nuit brillaient de mille feux. 

 

— Merci, Miss Fae. 

 

Qin Rong sentit son œil avoir un tic. 

 

— Oi, c'est qui que t'appelles miss ?! dit-il sèchement, renfrogné.

 

 Le garçon lui répondit en clignant des yeux, visiblement confus.

 

— Eh ? Miss Fae est en colère ? 

 

L'enfant fronça les sourcils, semblant à nouveau proche des larmes.

 

Qin Rong eut un sentiment de culpabilité en voyant qu'il l'avait fait pleurer, mais sa fierté masculine ne pouvait pas laisser passer ça. 

 

— J'ai dit quelque chose de mal ?  

 

— Tu m'as appelé miss, répondit-il en croisant les bras.

 

 Qin Rong avait paniqué en voyant son visage pour la première fois, pensant qu'il était peut-être devenu une fille. Que quelqu'un d'autre se trompe était un peu... 

 

— Je suis un garçon, clarifia-t-il, se présentant avec confiance.

 

Comme on pouvait s'y attendre, l’enfant eut l'air à la fois choqué et dubitatif. Pensait-il qu'il mentait ?

 

— Mais Miss Fae est si jolie, marmonna-t-il en observant Qin Rong. 

 

Il savait ce que le garçon voyait. Un beau visage aux traits délicats. Même si les enfants étaient généralement mignons, Qin Rong était exceptionnellement joli, au point que même lui avait eu des doutes, en dépit d'avoir déjà vérifié.

 

— Je le sais déjà, ça, mais je suis un garçon ! fit-il remarquer, son air renfrogné s'accentuant à mesure que sa frustration grimpait. 

 

En repensant à sa vie précédente, il avait souhaité être aussi séduisant que les stars de drama et attirer les regards. Son rêve était d'être admiré par des hordes de beautés. Pourtant, après être né dans le corps d'une si jolie personne, il comprenait finalement à quel point c'était ennuyeux.

 

Bon Dieu, qu'il redevienne banal !

 

Le garçon eut l'air dubitatif, mais hocha la tête, aidant Qin Rong à sortir du piège. Dès qu'il sortit de l'eau, Qin Rong frissonna, serrant inconsciemment la main. Le garçon leva les yeux vers lui avec un sourire.

 

Aucun d'entre eux ne dit un mot, les yeux dorés regardant dans les yeux noirs. Qin Rong réfléchit à ses options, à savoir s'il fallait laisser ce gamin lui tenir la main plus longtemps ou non. Généralement, il n'aimait pas ce genre d'attitude désinvolte.

 

Comme s’il sentait son désir, le garçon glissa ses doigts entre ceux de Qin Rong, ses yeux sombres semblant supplier dans un 'Est-ce que ça te va ?'. Le mercenaire endurci qui avait tué et mutilé depuis son enfance sentit son cœur s'adoucir un instant et il émit un gémissement frustré.

 

— Bien, allons-y, ronchonna-t-il, ignorant le rayonnement fleurissant sur le visage de l'enfant.

 

*    *    *

 

— C'est chez moi ! proclama le garçon en entraînant Qin Rong dans le manoir. 

 

Dès leur arrivée, il fit visiter à Qin Rong les deux étages. Comme attendu, elle était entièrement meublée et grande, mais...

 

— Il n'y a que toi qui vis ici ? demanda-t-il, fronçant les sourcils en constatant combien tout était calme.

 

 Il n'avait pas repéré ni entendu un seul domestique depuis son arrivée. Vu la façon dont le garçon était habillé et la taille de la maison, il s'était dit que le gamin devait être riche ou quelque chose comme ça. Pourtant, la demeure était silencieuse.

 

— Je... commença le garçon en fronçant un peu les sourcils, mais il s'arrêta quand ils entendirent la porte d'entrée claquer. 

 

Ils tressaillirent tous les deux. 

 

— Jeune Maître ? se fit entendre une voix de matrone, suivie par le bruit de lourds objets frappant le sol.

 

 Avait-elle des courses ? L'analyse de Qin Rong fut interrompue lorsque le garçon commença à le pousser.

 

— C-cache-toi ! chuchota-t-il rapidement tandis que la voix résonnait dans les escaliers.

 

— Quoi ?! 

 

— S'il te plaît, cache-toi ! Je n'ai pas le droit de faire savoir que je suis là, alors tu dois te cacher, expliqua-t-il en poussant Qin Rong dans un placard dont il ferma ensuite la 

porte. Désolé. 

 

L'obscurité l'entourait. Il soupira, se détendant, et écouta ce qui se passait dehors.

 

— Jeune Maître ? appela la femme, sa voix un peu plus faible.

 

 La porte de la chambre s'ouvrit en claquant et les pas s'arrêtèrent. 

 

— Oh, vous voilà, jeune Maître. Ne m'avez-vous pas entendu vous appeler ? dit-elle sèchement, l'air agacé.

 

— Désolé.

 

Le silence s'installa entre eux pendant une minute. Qin Rong soupçonna que les deux soient partis avant que la femme ne parle à nouveau.

 

— Est-ce que... est-ce que vous parliez à quelqu'un à l'instant ? demanda-t-elle, ses pas se rapprochant.

 

— Non !  répondit le garçon, un peu trop vite pour le confort de Qin Rong. 

 

Il mentait manifestement à la manière d'un enfant. Le plus vieux soupira encore, se promettant d'apprendre à ce gamin comment mentir correctement. C'était un spectacle honteux.

 

Étonnamment, la servante le crut. 

 

— Tant que vous comprenez les risques, soupira-t-elle en s'éloignant de la porte.

 

 Qin Rong fut choqué qu'elle ait cru à un mensonge aussi flagrant, mais choisit de ne pas exprimer ses objections. Il ne voulait pas finir sa journée en se faisant arrêter dans la maison d'un gosse de riche.

 

— Je les comprends, entendit-il marmonner doucement. 

 

Il ne devait pas avoir bougé de la porte du placard. La servante continua.

 

— Enfin, nous laisserons les repas de cette semaine dans le garde-manger, alors assurez-vous de manger correctement, l'informa-t-elle avec désinvolture, surprenant la personne dans le placard. Le jeune Maître est un jeune homme mature, donc vous n'avez pas besoin que l'on vous dise de manger. 

 

— Oui. 

 

 La réponse fut calme et froide, ne ressemblant en rien à l'enfant excité qui avait trébuché sur ses mots et ses pieds pour l'amener ici. C'était un peu déconcertant d'entendre un enfant parler ainsi, pareil à un robot.

 

— Et la maison semble avoir été négligée depuis notre dernière visite. Auriez-vous oublié de la nettoyer ? 

 

Un bref moment de silence s'ensuivit, signifiant que la réponse du garçon avait été non verbale. 

 

— Je vois. Le jeune Maître a-t-il besoin qu'on nettoie derrière lui comme un enfant ? appuya-t-elle, se rapprochant encore.

 

— Non, je vais m'en occuper. 

 

 Encore une fois, sa réponse fut si distante et conditionnée que Qin Rong eut envie de sauter en dehors du placard et de faire revenir le bon sens chez l'enfant. Pire encore, la servante fredonna de joie, comme félicitant un chien.

 

— Bien, alors je vais y aller maintenant. 

 

 Ses pas s’éloignèrent, faisant écho à travers la maison vide, et se terminèrent sur une porte claquée. Le silence tomba, laissant les deux jeunes garçons seuls avec le vent pour leur tenir compagnie.

 

Le garçon regardait le sol lorsque la porte du placard s'ouvrit avec un claquement. La Fae, toujours aussi jolie, semblait furieuse. Il ne put s'empêcher de la fixer.

 

— C'était quoi ça ? craqua Qin Rong, s’interdisant avec peine de jurer.

 

 C'était seulement le fait qu'il soit un enfant qui l'empêchait d'utiliser un vocabulaire beaucoup plus étendu pour exprimer ses sentiments.

 

— Miss Fae, je… 

 

—  Qin. Rong !  l'interrompit-il en tapant du pied.

 

 Le garçon recula jusqu'à ce que son dos heurte le mur. Qin Rong le fixait et ses yeux dorés flamboyaient. 

 

— Q-Qin ? fit-il écho, le son étant complètement étranger au garçon. 

 

— Qin Rong, c'est mon nom, expliqua-t-il en se frappant la poitrine.

 

 Il était fatigué d'être nommé miss. C'était déjà assez pénible d'être pris pour une fille, mais en plus d'être appelé ainsi si souvent... Jusqu'à quel point un homme pouvait-il le supporter ?! 

 

— Dis-le correctement. 

 

— Oui !

 

Toujours obéissant, le garçon fit un signe de tête. 

 

— Q-Qin Rong. 

 

En prononçant ce nom, le garçon se sentit très heureux. La Fae lui faisait assez confiance pour lui donner son nom. Les noms avaient un pouvoir et le garçon pouvait déjà sentir les fils de la magie les reliant. C'était faible, mais l'énergie qui coulait entre eux était claire comme le jour.

 

Qin Rong, ignorant totalement la magie et ses règles, les avait involontairement unis par un lien. Un échange de noms, de vrais noms, était quelque chose de sacré et d'obscur. S'il avait su ce qu'il avait fait, il y aurait pensé à deux fois avant de le lui donner.

 

Mais ce serait pour une autre fois.

 

Le garçon voulut lui donner le sien, pour rendre la confiance que lui avait accordée cette noble et belle créature, mais il fut interrompu avant de pouvoir en dire plus.

 

— Bien, acquiesça Qin Rong, heureux que cet enfant soit obéissant.

 

 Il n'était pas sûr de ce qu'il aurait fait autrement. 

 

— Maintenant, réponds à ma question. 

 

Le garçon cligna des yeux, essayant de se rappeler ce qui lui avait été demandé. Il voulait d'abord juste échanger leurs noms, mais il se dit que Qin Rong était du genre impatient.

 

— Tu veux dire à propos de Mme Pellelot ? répondit-il, désireux de faire plaisir. C'est la dame qui s'occupe de la maison.  

 

Quelle partie d'elle s'occupe de la maison ? pensa-t-il avec une grimace. Est-ce que c'est une image résiduelle ? 

 

Il pensa à la brièveté de sa visite, et il voulut la gifler. 

 

Comment osait-elle laisser un enfant seul comme ça ?

 

— Vraiment ? fit-il écho en croisant les bras et en fixant le garçon d'un air incrédule. Parce que je suis venu tous les jours pendant une semaine et je ne l'ai pas vue une seule fois.  

 

Au départ, Qin Rong n'avait pas pensé au manque de domestiques puisqu'il n'était là que pour voler de la nourriture, mais, en y songeant, il se sentit stupide de ne pas s'en être aperçu. Le jardin, bien que charmant, avait clairement besoin d'être entretenu et l'herbe était envahie par la végétation.

 

Il pourrait peut-être désherber le jardin un de ces jours pour que ce soit moins déprimant à voir. Il serait dommage de laisser un si bel endroit tomber en ruine.

 

Alors qu'il pensait à ça, le garçon gigotait de bonheur face à l'attention qu'on lui portait. Il ne se souvenait pas de la dernière fois que quelqu'un lui avait parlé aussi longtemps. Mieux encore, il avait été approché le premier !

 

Il avait souvent tenté d'engager une conversation avec les domestiques, mais il avait toujours été ignoré ou congédié. Il s'était toujours dit qu'ils étaient trop occupés, mais il se sentait si seul malgré un manoir plein de monde. 

 

Puis, tout d'un coup, ils étaient tous partis.

 

— Elle ne vient qu'une fois par semaine, réfuta-t-il, ressentant le besoin de défendre la dame plus âgée.

 

 Elle n'était pas très gentille, mais en tant que noble, c'était son devoir de défendre la vertu d'une dame.

 

Pour Qin Rong, c'était tout le contraire. À l'époque moderne, les femmes étaient traitées sur un pied d'égalité avec les hommes, de sorte que, comme un homme, il ne se retiendrait pas.

 

Surtout pas pour une femme qui abandonnait volontairement un enfant comme s’il était un déchet.

 

— Alors toi, un petit enfant, tu es tout seul pendant des jours ? 

 

 Le garçon se mit sur la défensive face à sa déclaration, regardant Qin Rong droit dans les yeux.

 

— Je suis un grand, donc je n'ai pas besoin de domestiques pour me tenir la main, proclama-t-il, les joues gonflées. 

 

Il était très fier de lui-même.

 

Qin Rong leva un sourcil, ses yeux dérivant vers l'état désordonné des vêtements du garçon. Sa chemise n'était pas repassée, les jambes de son pantalon étaient inégales et ses chaussures délacées. Il avait l'air d'un enfant qui s'habillait tout seul.

 

— Je suppose que c'est ce que cette dame t'a dit, conclut-il, l'air dubitatif. Que tu dois prendre soin de toi-même ? 

 

 En y regardant de plus près, il remarquait maintenant à quel point l'enfant était mal soigné Il avait fait un assez bon travail, mais Qin Rong pouvait dire qu'il n'était pas le meilleur dans ce domaine. Il avait, lui aussi, passé la plus grande partie de sa vie comme ça, car ceux qui étaient considérés comme ses parents n'avaient pas pris la peine de le faire. Il ne voulait pas que cet enfant subisse le même sort.

 

Le garçon, ne voulant pas mentir, ne dit rien, ce qui valait autant qu'un acquiescement. 

 

— On dirait que c'est le cas, renifla-t-il en se grattant la tête.

 

 Vraiment, les adultes de ce monde le dégoûtaient.

 

 — Je parie qu'elle continue à encaisser des chèques alors qu'elle se prélasse à ne rien faire. 

 

— Des chèques ? répéta le garçon, confus par le nouveau mot. 

 

Il voulut en demander plus, mais fut coupé par Qin Rong.

 

— Que fait-elle pour toi ? 

 

Qin Rong voulait honnêtement savoir si elle valait vraiment quelque chose. Si elle ne devait passer qu'une fois par semaine pour cinq minutes, maximum, il était inutile qu'elle se montre.

 

Même le plus égocentrique des employés au salaire le plus bas faisait plus d'efforts dans son travail que cette meuf. Il donnait au moins l'impression qu'il travaillait. 

 

— Elle dépose de la nourriture chaque semaine, déclara-t-il, l'air fier d'avoir gardé le menton levé pendant cet interrogatoire.

 

Qin Rong, cependant, resta là, attendant le reste de la liste. Lorsqu'il ne rencontra que le silence, son air renfrogné s'accentua. 

 

— Et c'est tout ? s'écria-t-il, choqué que les cinq minutes qu'elle avait passées dans la maison soient sa seule contribution au bien-être de cet enfant.

 

 Elle n'était restée plus longtemps que parce qu'elle pensait que quelqu'un d'autre était là. 

 

Qui sait combien de temps elle restait habituellement ? 

 

— Elle ne fait pas la cuisine ou le ménage ?  

 

— Je peux faire tout ça ! insista le garçon, soufflant et croisant les bras. J'ai fait des cookies une fois. 

 

—  Des cookies ? 

 

 Il repensa à l'autre jour, quand il avait repéré une assiette de... Il n'était pas sûr de ce que c'était. Il avait pu sentir que c'était brûlé, alors il s'en était éloigné en grignotant son (pas du tout volé) toast. Il n'y avait pas songé jusque-là. 

 

— Tu veux dire ces trucs noirs que j'ai trouvés l'autre jour ? 

 

— Oui. 

 

 Il détourna le regard, le visage un peu rouge. Envers sa création, que son humble assiette de cookies soit appelée 'trucs noirs' était un peu blessant, même s'il savait que c'était vrai. 

 

— Je... Je les ai laissés dans le four un peu plus longtemps que prévu et...  

 

— Peu importe tout ça.  

 

Il secoua la main, ne s'en souciant plus. Il ne s'attendait pas à ce qu'un enfant soit capable de bien cuisiner du premier coup. Qui s'y attendrait ? 

 

— Je pourrais t'apprendre, jeta-t-il, sans penser au nombre de projets d'avenir qu'il élaborait malgré son plan de partir plus tard. 

 

Il n’y pensait pas vraiment à ce moment-là, disant simplement ce qui lui traversait l’esprit. 

 

— J'ai beaucoup plus de problèmes avec un enfant qui est laissé seul. 

 

Le garçon était excité, curieux de savoir ce que cette Fae allait lui enseigner. Pourtant, sa phrase le ramena au présent. 

 

— Je ne suis pas seul ! insista l'enfant en faisant la moue de façon mignonne. 

 

Qin Rong résista à l'envie de pincer ces joues potelées. 

 

— Avoir une servante qui se présente une fois par semaine n'est pas de la compagnie, riposta-t-il.

 

Il se détourna pour se débarrasser de ces sentiments étranges qui bouillonnaient lui.

 

 — Surtout si elle ne reste même pas assez longtemps pour s'essuyer les pieds, reprit-il.

 

— Mais je ne suis pas seul ! J'ai Nik avec moi. 

 

 Il piétina du pied en regardant le sol. Puis, dans un souffle, il murmura :

 

— Et toi, aussi.  

 

Heureusement pour lui, Qin Rong était trop loin pour entendre ses paroles.

 

— Qui est Nik ? 

 

 Y avait-il plus de monde dans cet endroit ? Pourquoi ne l'avait-il pas remarqué ?

 

— Mon frère ? 

 

 Les mots furent doux et légers, énoncés au monde avec désinvolture et peu d'attention. 

 

Néanmoins, Qin Rong sentit le monde changer, car il aurait pu jurer que la maison était vide.

 

— T'as un frère ?! s'écria Qin Rong, voulant hurler. 

 

Il était fier de ses compétences, alors apprendre qu'il avait manqué quelqu'un d'une manière ou d'une autre était néfaste pour son égo. L'enfant n'en fut pas conscient et continua comme si Qin Rong n'était pas en train de se réprimander intérieurement.

 

— Oui, il est en haut. 

 

 Il fit un signe de tête, montrant les escaliers. 

 

— Tu veux le rencontrer ? 

 

L'enfant leva les yeux vers Qin Rong, qui était un peu grand, désireux de lui présenter Nik.

 

Dans cette maison, ils n'étaient que deux, alors après avoir rencontré une Fae et s'être lié d'amitié avec elle, le garçon désirait ardemment qu'ils fassent connaissance.

 

Qin Rong, cependant, n'était pas très enthousiaste à l'idée de rencontrer d'autres enfants. 

 

Le simple fait de s'occuper d'un seul lui donnait mal à la tête. Bien sûr, le garçon était mignon, mais Qin Rong n'était pas très porté sur les enfants. Il pouvait à peine gérer la plupart des adultes, alors pourquoi s'infliger l'horreur non pas d'un, mais de deux gamins ?

 

Mais il n'eut aucune chance de refuser, car l'enfant aux cheveux noirs le prit par la main et le traîna avec excitation dans les escaliers, lui disant combien il aimerait Nik parce qu'il était mignon, obéissant, etc. Et, la liste était longue. Son visage s'assombrissait alors qu'il écoutait.

 

Il me tient encore la main !

 

*   *   *

 

À son arrivée, Qin Rong fut surpris de voir un autre enfant aux cheveux noirs. Deux pour le prix d’un, semblait-il. Le garçon était allongé dans son lit, le grand matelas avalant presque tout son corps. Il semblait à l'aise et satisfait, les doux ronflements remplissant la chambre vide.

 

Bon sang, pensa Qin Rong en s'asseyant au bord du lit moelleux. Il est si mignon !

 

Le mercenaire se couvrit le visage de honte, souhaitant mourir. Pourquoi ? Depuis quand était-il si faible envers les choses mignonnes ? Il se sentait généralement peu ou pas concerné par les enfants, davantage concentré sur la mission en cours que par les gens autour de lui. Pourtant, moins d'un jour après avoir été entouré de ces deux-là, il ressentait vraiment le désir de leur pincer les joues.

 

Il regarda entre ses doigts, observant l'aîné des garçons ramper pour vérifier la température de son frère. C'était un mouvement automatique, qu'il avait manifestement déjà fait plusieurs fois.

 

— Ah, ta fièvre a un peu baissé, soupira-t-il en souriant doucement. Dors bien. 

 

Cela attira son attention.

 

Se penchant, il posa sa main sur la tête de Nik, curieux. Il était vraiment chaud.

 

— Sa température a baissé ? 

 

— Hn, il transpirait avant, mais maintenant il ne transpire plus. 

 

Ce... Ce n'était pas vraiment bon, mais Qin Rong n'était pas médecin, alors il ne pouvait pas en être sûr. À le voir, Nik n'avait pas l'air inconfortable, alors peut-être qu'il réfléchissait trop.

 

Le garçon regarda Qin Rong examiner Nik, heureux de voir ses deux personnes préférées s'entendre. Bien sûr, Nik dormait toujours, mais Qin Rong semblait bien l'aimer. Il était sûr que son petit frère ressentirait la même chose.

 

Ce serait bien, pensa-t-il en bâillant. 

 

— Tu es fatigué ? 

 

Qin Rong leva les yeux vers lui en fronçant les sourcils. Il hocha la tête en se frottant les yeux. 

 

— Au lit alors.  

 

À l'unisson, ils s'effondrèrent tous les deux sur le lit, se délectant de sa douceur. Leurs soupirs simultanés résonnèrent dans toute la chambre. Ils regardèrent le plafond pendant un moment, laissant les doux ronflements de Nik emplir l'air. Au moment où Qin Rong pensait que le garçon s'était endormi, il parla.

 

— Tu ne partiras pas, pas vrai ?  

 

— N'ai-je pas dit que j'exaucerai ton souhait ? répliqua-t-il en fronçant les sourcils vers le garçon.

 

 Le prenait-il pour un menteur ? 

 

— Quel genre d'homme penses-tu que je suis ? 

 

— Mais tu n'es pas un homme, fit-il remarquer en se frottant les yeux, somnolent.

 

 Qin Rong voulut argumenter, mais le garçon continua. 

 

— Tu es une Fae. 

 

Le mercenaire, le cœur endurci par tout ce qu'il avait vécu, rit. C'est vrai, c'est ce qu'il était. Une créature magique qui avait accordé un souhait à ce petit enfant. Amusé, il tendit la main vers le gamin pour le caresser, passant une main dans ses cheveux doux.

 

— C'est exact, dit-il, se rallongeant sur le lit.

 

 Avec le petit Nik entre eux, ça ressemblait un peu à une soirée pyjama. Qin Rong n'avait jamais fait de telles choses, puisque sa vie de famille n'avait jamais permis de telles excentricités, alors il appréciait cette sensation. 

 

— Et nous, les Faes, ne revenons jamais sur notre parole. 

 

— Promis ? 

 

 Les yeux du garçon étaient lourds et il perdait rapidement le combat contre le sommeil, mais il restait déterminé à obtenir cette réponse de la Fae. Qin Rong ne put s'empêcher de soupirer à cette vue.

 

Ce gamin était tellement borné, il lui posait toujours la même question. N'était-il pas digne de confiance ? Bien sûr. Il mentait et trichait comme il respirait, mais c'était un nouveau lui. Le garçon ne pouvait sûrement pas le sentir... Si ?

 

Il voulait être sincère, alors il se rapprocha pour prendre la main du garçon. Les yeux de ce dernier s'écarquillèrent, il était choqué que la Fae lui prenne la main.

 

— Moi, Qin Rong, promets que je ne te quitterai pas, chuchota-t-il, serrant la main du garçon.

 

 Il n'était pas sûr de ce que l'avenir lui réservait, mais il voulait au moins que cet enfant se sente libre de fermer les yeux. Le rassurer sur le fait qu'il serait toujours là quand le soleil se lèverait.

 

Le garçon, entendant sa promesse, sentit les larmes lui monter aux yeux. Cela faisait tellement longtemps qu'il voulait que quelqu'un prononce ces mots qu'il en oublia comment se comporter convenablement. Il pleura donc ouvertement.

 

— Oi, oi, ne pleure pas, c'est pas viril, le réprimanda doucement Qin Rong en se rapprochant pour essuyer les larmes.

 

 Il n'avait pas l'intention de le faire pleurer, et pourtant, voilà qu'il l'avait fait.

 

C'était pour ça qu'il n'était pas doué avec les enfants.

 

— Désolé, je suis juste heureux, renifla-t-il, pressant sa joue contre leurs mains jointes. 

 

C'était si chaud.

 

 — Je devrais m'ouvrir à toi aussi, puisque tu es assez gentil pour me faire confiance, dit-il, serrant les doigts autour de ceux de Qin Rong. 

 

Son compagnon de lit n'avait aucune idée de ce dont il parlait. Était-ce à propos du fait qu'il passait la nuit chez lui ?  

 

— Je vais te donner mon nom, Qin Rong.  

 

C'est seulement à ce moment-là que Qin Rong réalisa qu'il ne s'était pas donné la peine d'apprendre le nom de l'enfant. Pour une raison quelconque, il ne lui était pas venu à l'esprit de demander. Il ne lui avait pas semblé étrange de passer la journée avec quelqu'un dont il ne connaissait pas le nom.

 

Il ne pouvait pas comprendre pourquoi, mais il avait l'impression que c'était normal.

 

Bien que son âme soit humaine, son corps était familier avec les règles de ce monde. Il savait qu'il ne fallait pas s'attendre à un échange de noms. Un tel acte était dangereux, et pouvait entraîner l'assujettissement d’une personne. Mais l'esprit conscient de Qin Rong était plus fort que les instincts de son corps, aussi avait-il donné son nom, celui de son âme, librement et sans crainte.

 

— Alors, quel est ton nom ? demanda-t-il avec désinvolture, sans savoir combien il en demandait.

 

— Xanderous Murcielago Chavin, répondit avec joie le garçon maintenant connu sous le nom de Xander.

 

 Il ferma les yeux, heureux d'avoir donné son nom.

 

Qin Rong fut plongé dans la confusion et le choc. Il sentait que cela pourrait être un cas récurrent. 

 

Xanderous ? C'était un nom ?

 

Eh bien, évidemment, mais ce n'était pas ce à quoi il s'attendait. 

 

Qu'est-ce que c'est que ce nom dramatique et épique ?! T'es un personnage de RPG ?

 

Alors que Qin Rong méditait sur ça, des fils de magie formèrent un pont entre eux. 

 

Xanderous sentit la formation des cordons les relier, bâtissant un lien ne pouvant être rompu. L'échange de noms était un acte illustrant une confiance totale envers l'autre.

 

Si l'un avait le vrai nom de l’autre, il obtiendrait un certain contrôle sur celui-ci, le pliant facilement à sa volonté. C'était pour cette raison que personne ne se faisait appeler par son vrai nom, le raccourcissant ou même le changeant pour le garder en sécurité. Aucun ne prenait le risque de se livrer volontairement, même les couples mariés restaient méfiants.

 

C'était pourquoi les enfants étaient avertis dès leurs premiers mots de ne partager leur vrai nom avec personne, pas même leurs parents. 

 

Pourtant, Xander n'avait pas peur, car le lien ainsi créé en valait la peine. Il ne s'était jamais senti aussi proche de quelqu'un et comprenait finalement pourquoi certaines personnes donnaient volontiers leur nom à quelqu'un d'autre. C'était une façon de garder Qin Rong à ses côtés, pour toujours. 

 

Même si les deux oubliaient le nom de l'autre, l'échange resterait à toute épreuve.

 

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Chapitre 6

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