Embrasse-moi, menteur

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Présenté par : Jinrou-Scantrad

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Traduction : Alcancia

 

Correction : Angie

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Chapitre 10
 

Il était plus de minuit quand j’étais rentré chez moi. Puisque j’avais raté Liwei et sa compagne, j’avais dû rentrer seul. J’avais titubé jusqu’à ma tanière, créée par quelques panneaux dans un des coins du salon. J’avais été si épuisé que je n’arrivais même plus à réfléchir. J'avais juste voulu me coucher et tout oublier. J'avais remarqué que j’étais un peu fiévreux, mais j'avais préféré l’ignorer et m'étais allongé sur mon lit. 

 

Une part de moi était meurtrie. Keith m’avait confondu avec une fille. C’était la raison pour laquelle il m’avait sauvé, embrassé et tenu contre lui.

 

Je ne m'étais pas attendu à tant de dégoût.

 

Un profond soupir m’avait échappé. Je m’étais soudain souvenu qu’il avait vérifié mes phéromones. 

 

Avait-il été déçu que je sois un bêta ? Aurait-ce été différent si j’avais été un oméga ? Et, dans ce cas, être un homme aurait-il été important ? Bien sûr que non...

 

Chercher une réponse maintenant était futile. J’étais un bêta, un homme surtout, et je le dégoûtais.

 

Aussi, avais-je fermé les yeux et m’étais-je endormi sans me laver. J’avais été éreinté. Tout ce que j'avais voulu, c’était oublier cette journée lorsque je me lèverais le lendemain matin.

 

Cette décision infime avait changé le cours de ma vie. Cette nuit-là, j’aurais dû me rendre à la pharmacie la plus proche et acheter des médicaments pour me détoxifier temporairement de ses phéromones. Tout du moins, j’aurais dû nettoyer chaque parcelle de mon corps pour enlever celles qui l'enveloppaient encore.

 

Si j’avais fait cela, ma peau ne les aurait pas absorbées et je ne les aurais pas non plus inhalées. Je n’aurais alors subi aucune transition, et je ne serais pas devenu un oméga quand j’avais ouvert les yeux, deux jours plus tard, après une forte fièvre.

 

Ce qui me tourmentait le plus, pourtant, c’était que même si ma vie avait basculé, la personne qui en était responsable ne s'en souvenait pas du tout. Je l’avais réalisé quand Keith Knight Pittman m’avait engagé en tant que secrétaire quelques années après mes études, après avoir accumulé de l'expérience dans ce milieu.

 

Il ne m’avait pas reconnu. Pour Keith, j’étais juste “le secrétaire”. Quand je me tenais devant lui, le cœur tremblant, il ne faisait que dire, d’un ton indifférent :

 

— Je me fiche que tu sois un oméga, un alpha, ou quoi que ce soit d’autre. Je ne suis pas intéressé par les hommes. Alors, fais juste ton travail correctement.

 

Je ne savais pas si c’était pour me rassurer ou pour m’avertir de ne pas me faire d’illusions. Comme pour me le prouver, il n’avait fait que m’ignorer ces deux dernières années. Il changeait de partenaire sans cesse. Bêtas ou omégas, peu importait tant que cela restait des femmes.

 

Que je sois un bêta n’avait jamais été un problème. 

 

Je l’avais compris quand j’avais commencé à travailler à ses côtés. 

 

Mon seul défaut était que je possédais une verge au lieu d'une douce poitrine. Tant que j’aurais cette chose, je n'attirerais jamais son regard.  

 

Le jour où je l’avais accepté, j’avais dit adieu à mon premier amour, je m’étais saoulé et j’avais pleuré jusqu’à m’endormir.

 

* * *

 

Je clignai lentement des yeux avant de revenir à la réalité, après m'être égaré quelques secondes. Bien que ma tête soit encore lourde, je me sentais beaucoup moins fatigué. Je frottai mes yeux irrités d’un doigt avant de m'asseoir. Je vérifiai l’heure. Je m’étais réveillé dix minutes avant que mon alarme ne sonne. 

 

Je me levai, me recoiffai et examinai ma tenue. Quand je déverrouillai et ouvris la porte, après avoir vérifié la pièce une dernière fois, aucune différence n’était visible. Pour preuve, une des secrétaires, qui m’avait remis un rapport que j’avais demandé plus tôt dans la journée, me sourit quand elle me vit, et me salua comme à son habitude. Je la remerciai, tandis que je vérifiais le compte rendu. 

 

Cinq minutes plus tard, la porte s’ouvrirait sur cet homme. Il entrerait, toujours aussi confiant, et me frôlerait, comme le jour de notre première rencontre. 

 

Je levai les yeux, indifférent, et j’écoutai les bruits de pas qui allaient résonner dans le couloir. L’heure était proche. Et ainsi, mon cœur se barricadait, à nouveau. 

 

Le bruit de ses pas imaginés devint réalité. Mes deux mains agrippèrent le rapport, et je me tins debout, en attendant que la porte s’ouvre. 

 

Bien vite, ce moment arriva. Keith apparut dans mon champ de vision. Comme d’habitude, un simple sourire aux lèvres, je le saluai. 

 

— Comment s'est déroulée la réunion ? 

 

Comme si rien ne s’était passé. 

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