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Le Prince de Glace et sa Fée

Présenté par : Jinrou-Scantrad

Traduction : Elrika

 

Correction : Angie

❄❄❄❄❄❄❄

Chapitre 2 : se réveiller mort


 

En se réveillant, Qin Rong se sentit étrange. Comme s'il était présent et absent en même temps. Il lutta pour ouvrir les yeux, il flottait dans un vide brumeux. Où était-il ? En y réfléchissant, il réalisa assez vite la vérité.

 

Il était mort.

 

Essayant de se rappeler comment, il revint à la façon dont son dernier jour avait commencé. Tout avait débuté dans ce foutu taxi, pas vrai ?

 

 *   *   *

 

— Vous allez où, monsieur ? demanda le chauffeur de taxi en regardant l'homme sur son siège arrière. 

 

C'était un Asiatique, une rareté dans le pays K. Il était joli, comme certains qu'il avait vus à la télé, mais en moins doux. 

 

Il avait l'air aussi froid que la glace.

 

Fixant son téléphone, Qin Rong essayait toujours de trouver un signal. Le pays K avait parfois une mauvaise réception et son plan de données ne pouvait pas gérer autant d'interférences. Mais il avait tout de même un endroit où aller, alors il se contenta de donner un bout de papier au chauffeur, agissant comme s'il ne pouvait pas le comprendre. L'homme plus âgé le prit, murmurant quelque chose à propos de 'touristes idiots'. Qin Rong ne put s'empêcher d'être d'accord. Les touristes étaient stupides.

 

Ils avaient confiance en la parole des gens en ce qui concernait leur argent, se rendaient dans des endroits publicisés plutôt que dans les locaux qui servaient une excellente nourriture à un meilleur prix et assistaient à des événements que même les gens du coin n'étaient jamais allés voir parce que c'était trop chiant. 

 

Ils bouchaient les rues et rendaient la vie beaucoup plus difficile, car ils savaient rarement comment voyager sans avoir les yeux collés sur Google Maps. 

 

Heureusement, Qin Rong n'était absolument pas un touriste. Il n'y vivait pas, mais il connaissait mieux les rues du pays K que ceux nés et élevés dans ses frontières. Aujourd'hui, il y avait des affaires. Et la première était d'arriver au lieu de rendez-vous, à l'heure. 

 

Le problème, c'est que tout ce qui aurait pu mal tourner s’était réalisé. Son vol avait été retardé plusieurs fois, ses bagages avaient été confondus avec ceux d'autres personnes et il lui avait fallu plus d'une heure pour trouver un taxi. Il ne comprenait même pas pourquoi. Le pays K n'était une escapade estivale pour personne ; qui venait ici, putain ?!

 

Soufflant, le jeune homme observa les alentours, vérifiant son plan mental pour s'assurer qu'il était sur le bon chemin afin d’atteindre le point de rencontre. Son client voulait qu'il aille dans un hôtel chic. C'était plutôt normal. La plupart de ses clients étaient très riches et avaient leurs secrétaires ou d'autres personnes pour transmettre la mission. Les gens étaient plus intelligents maintenant et les téléphones pouvaient être mis sur écoute.

 

Cependant, en regardant autour de lui, il remarqua qu'il n'était pas là où il devrait être. En fait, son chauffeur semblait l'avoir conduit dans un très mauvais quartier. Dans les ruelles sombres, il pouvait apercevoir quelques visages avides, attendant de la viande fraîche.

 

Tout en gardant la tête baissée, Qin Rong leva les yeux pour voir le conducteur le regarder dans le rétroviseur. Il était au téléphone, parlant à quelqu'un d'en 'ramasser un autre' et de 'combien il pourrait tirer d'un Asiatique'.

 

Qin Rong soupira doucement, plus ennuyé que tout. Il n'avait vraiment pas le temps pour ça ! Il était déjà en retard et il ne voulait pas avoir à gérer ça. Mais c’était mieux de s'en occuper maintenant plutôt que de laisser ce mollusque continuer. Il détacha doucement sa ceinture de sécurité, observant l'homme dont l’attention était concentrée sur la route. 

 

Faisant semblant de s'étirer, il prit un objet dans sa chemise. Le conducteur fut trop distrait par le bref éclat de peau que son action lui offrit pour remarquer le fil de fer qu’il sortît de ses vêtements. Avant qu'il ne s'en rende compte, Qin Rong avait enroulé l’objet autour de son cou et tira, le clouant à l'appui-tête.

 

Comme prévu, le conducteur essaya de se débattre, se servant de ses doigts et griffant son cou pour essayer de se libérer. Alors que la voiture roulait sans direction, le jeune homme tira d'un coup sec, le fin fil de fer tranchant le cou de l'homme et le laissant se vider de son sang. 

 

N'attendant pas que la voiture s'écrase, Qin Rong ouvrit la portière de la voiture et sauta dans la rue. Peu de temps après qu'il se soit relevé, il entendit un grand fracas. Il n'avait pas besoin de chercher pour savoir ce que c'était. Pourtant, il valait mieux s'en assurer.

 

La voiture était encastrée dans un poteau téléphonique et prenait lentement feu. Les yeux avides et méfiants le regardèrent s'éloigner, le voyant maintenant comme ne valant pas la prise de risque. Ce pacte tacite en place, Qin Rong marcha dans la rue, impatient d'arriver à son rendez-vous.

 

— Ugh... Je déteste ça...  ronchonna-t-il. 

 

*   *   *

 

Quand il arriva enfin à destination, le soleil venait juste de commencer à se coucher. Évidemment, il aurait pu prendre un autre taxi plutôt que de marcher, mais il n'avait plus d'argent. Il était à court, s'il en avait, il n'aurait pas eu besoin de ce travail pour commencer.

 

— S'il vous plaît, faites que ce soit intéressant ou je devrai juste aller chercher un boulot normal, grogna-t-il en entrant dans l'hôtel cinq étoiles. 

 

Comme on pouvait s'y attendre, un homme d'une vingtaine d'années vêtu d'un short et d'une chemise hawaïenne légèrement brûlée attirait quelques regards, mais un seul coup d'œil glacial sur ces bâtards les fit retourner à leurs affaires.

 

— Tch. 

 

 Il marcha vers la réception, n'attendant pas que la réceptionniste s'adresse à lui.

 

 — Hey, j'ai besoin de...

 

— Je suis désolé, monsieur, mais êtes-vous perdu ?  les interrompit un autre homme avant que la réceptionniste ne puisse ouvrir la bouche.

 

 L'homme était bien habillé, comme tout le monde ici, et le badge qu'il portait le désignait comme le directeur. 

 

— Si vous voulez, je pourrais vous indiquer le bon hôtel. 

 

— C'est bien l'hôtel K City ? demanda-t-il.

 

Il fixait toujours la réceptionniste plutôt que le directeur. 

 

Elle eut l'air un peu troublée, ne sachant probablement pas si elle devait répondre ou non.

 

— En effet, monsieur, répliqua le directeur d’un ton tendu et modéré afin de ne pas s'en prendre au jeune homme impoli. Comme je l'ai dit, si vous êtes perdu, je pourrais… 

 

— Alors je suis là où j'ai besoin d'être, répondit-il en se penchant. 

 

Il n'avait vraiment pas le temps pour ça ; il était déjà en retard.

 

Les deux se fixèrent, le directeur feignant clairement la sympathie et Qin Rong s'agaçant de façon flagrante. Comme un adolescent se croyant tout permis, il s'appuya sur le comptoir et s'adressa à la réceptionniste très nerveuse.

 

— Pourriez-vous appeler un certain M. Coyote ?  demanda-t-il en ignorant le directeur fulminant. Il m'attend. 

 

Ayant l'habitude de ce genre de farces, le directeur se redressa et ouvrit la bouche pour demander au jeune homme de partir, faute de quoi, il devrait appeler la sécurité. 

 

Avant que sa première menace ne puisse être prononcée, une voix se fit entendre.

 

— Lutin, c'est toi ?! 

 

Les trois personnes se retournèrent vers les deux nouveaux venus, chacun montrant une expression différente.

 

La réceptionniste fut stupéfaite, le cœur battant, et le visage rouge à la vue de ces hommes magnifiques. Ils devaient sûrement être des stars de cinéma ou des mannequins !

 

Le directeur avait le visage pâle et paniqué, pressentant que sa vie était finie. Cet homme était LE Mr. Stark, l'un de leurs VIPs. Il n'allait que dans les meilleurs hôtels et son soutien propulsait une entreprise vers la gloire ou la déchirait jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien.

 

Et il avait manqué de respect à un de ses potentiels amis.

 

Qin Rong, d'un autre côté, avait l'air énervé. Il se rapprocha et saisit le deuxième homme par le col en le fusillant du regard.

 

— Bordel, Coyote !  grogna-t-il, l'air furieux. N'utilise pas ce nom devant les autres !

 

 Il ne gagna en retour qu'un sourire en coin confiant de la part de l'homme. Coyote, un Américain à l'attitude arrogante, n'eut pas honte de frapper la main de Qin Rong.

 

— Pas besoin de s'énerver, Lutin, rétorqua-t-il en passant devant lui. Le patron paie pour la discrétion. Je doute que quelqu'un pense quoi que ce soit de ton petit surnom. 

 

Il ponctua ses paroles d'un sourire narquois. 

 

Sans un mot, Qin Rong lui fit un doigt d'honneur et marcha derrière lui, laissant le trou du cul le conduire à leur chambre. Pendant ce temps, M. Stark parlait au directeur et à la réceptionniste. Tout ce qui fut dit sembla les amener à se mêler de leurs affaires.

 

Ils se tinrent bientôt tous dans l'ascenseur, la faible musique étant le seul répit dans le silence assourdissant. M. Stark regardait son téléphone, faisant probablement savoir aux autres qu'il était enfin arrivé alors que Coyote se contentait de sourire tout seul, rêvant probablement à quelque chose de stupide.

 

Pendant ce temps, Qin Rong mijotait dans sa propre misère, maudissant ces hommes et tous leurs ancêtres.

 

Pourquoi sont-ils si grands ?!

 

Il rageait intérieurement alors qu'il se tenait entre eux, sa tête n'atteignant que leurs épaules. Comme le soulignait son nom de code, Lutin, il était généralement plus petit que la plupart des hommes. C'était OK chez lui, puisque la plupart de ses collègues étaient des femmes de même taille, mais dès qu'il allait ailleurs, il était entouré de ces foutus géants.

 

Dans une autre vie, je ferais mieux d'être plus grand ! 

 

D'après le peu qu'on lui en avait dit, il s'était attendu à travailler avec deux personnes qu'il avait déjà rencontrées. C'était le cas de Coyote, un Occidental qui aimait se foutre de lui à cause de sa taille, mais qui fermait rapidement la bouche quand une lame était pressée contre ses couilles.

 

Ils avaient déjà travaillé ensemble deux fois et, à chaque fois, Qin Rong avait voulu le tuer. Il était bruyant et agaçant, mais trop bon dans son travail pour le supprimer purement et simplement. Sa force compensait toutes les faiblesses de Qin Rong.

 

Après tout, ils étaient des mercenaires, ce qui faisait qu'une grande variété de compétences était nécessaire pour une mission donnée. Qu'il s'agisse d'assassinats, de récupération ou de sabotage, Qin Rong avait eu déjà eu du sang sur les mains, la quantité de celui-ci pouvant remplir des lacs. 

 

Tout ceci tenait en un petit (pas petit) et mignon (absolument pas mignon !) homme oriental de seulement 27 ans.

 

En arrivant à leur étage, Qin Rong était curieux de savoir qui serait son deuxième partenaire. Serait-ce Salamandre, l'expert en armement ? Ou peut-être Cobra, le maître du poison qui lui devait toujours vingt dollars ?

 

Pourtant, ce qui les accueillit fut un visage qui pourrait renverser des pays, si on oubliait tout ce qui sortait de ses lèvres.

 

— Eh bien, eh bien, regardez ce que Coyote a trouvé, se moqua la belle rousse en haussant un sourcil. 

 

Ses vêtements étaient d’une grande classe, tout le contraire de Qin Rong. Sa taille et ses hanches étaient recourbées de la bonne façon, encourageant les hommes de tous âges à l'enlacer étroitement. 

 

— Notre cher lutin, longtemps disparu.  

 

Qin Rong, cependant, avait vu à travers tout son charme et sa beauté et savait qu'elle était une grande chienne impitoyable. C’était une pirate informatique bien connue, nom de code : Phish [1] ; pour ses capacités à s'introduire dans les systèmes aussi facilement que n'importe qui ouvrirait son propre ordinateur. Alors que ses doigts dansaient sur le clavier, le monde s'ouvrait à elle, révélant tous ses secrets.

 

— … Phish, je vois que tu n'as pas... 

 

 Il la regarda de haut en bas, son visage montrant du dégoût. Elle était toujours trop... Difficile à gérer pour lui, donc elle n'était pas du tout son type.

 

 — … Changé. T'as toujours personne ? Même pas un pote de baise ? » 

 

— Fuck you !  répondit-elle sèchement en tapant du pied.

 

 Il était bien connu que, malgré son apparence, elle n'avait jamais entretenu une relation assez longtemps pour en parler à qui que ce soit. La dernière fois qu'ils avaient travaillé ensemble, elle avait mentionné qu'elle venait de commencer à sortir avec quelqu'un après deux ruptures.

 

La dernière datait de quelques semaines.

 

— Ouais, désolé, je suis pas si désespéré, répliqua-t-il en passant devant elle.

 

 Ils faisaient à peu près la même taille, mais ses talons la rendaient plus grande.

 

— Toi ! cria-t-elle en fixant l'arrière de sa tête alors qu'il entrait dans la chambre d'hôtel.

 

— Les enfants, comportez-vous bien. Vous êtes censés être des professionnels, pas des gosses qui se chamaillent. 

 

— Je me comporte bien, s'interposa Coyote en levant la main sans honte.

 

Il était tel un chouchou de prof. 

 

M. Stark le regarda en silence jusqu'à ce que la main de l'homme tombe. 

 

— Désolé. 

 

— Maintenant, votre mission, commença M. Stark en se déplaçant autour de la grande table au centre de la pièce.

 

 Il n'y avait qu'un rouleau de papier dessus, qui fut étalé pour révéler les plans d'un grand bâtiment. Il éteignit les lumières, laissant l'unique lampe de la table éclairer la pièce. Ses yeux restèrent cachés derrière ses lunettes alors qu'il parlait.

 

 — C'est simple : vous devez vous introduire dans cette enceinte, tuer la cible et récupérer l'objet. Des questions ? 

 

— On fait tout ça par étape ou en même temps ? demanda Coyote en remarquant que la position de la cible et celle de l'objet étaient très éloignées l'une de l'autre. Faire cela par étape demanderait du temps et les rendrait plus susceptibles de se faire prendre.

 

— À vous de voir, répondit M. Stark sans lever les yeux. Mais je vous suggérerais de le faire en même temps. 

 

Qin Rong fronça les sourcils, croisant les bras sur sa poitrine. 

 

— Donc nous devons diviser nos forces, déclara-t-il en réfléchissant. Est-ce que ce sera suffisant, juste nous trois ? 

 

Il craignait que ce soit difficile à réaliser seul. Habituellement, ils avaient au moins une équipe B pour distraire les gardes ou au moins en faire sortir certains, donc entrer n'était pas un problème. Une enceinte de cette taille devait forcément avoir beaucoup de sentinelles. 

 

— Le client souhaite la discrétion, ça tirerait la sonnette d'alarme si vous étiez plus, expliqua M. Stark.

 

— Bien, alors je tuerai la cible et Lutin ira chercher l'objet, dit Coyote en levant la main. 

 

Qin Rong n'avait aucun problème avec ça. S'il était bon pour le vol et les assassinats, Coyote n'était bon qu'à tuer, alors autant accepter le travail difficile.

 

— Et Phish ? demanda-t-il en regardant la femme silencieuse lever un petit doigt. 

 

— Je ferai le guet, dit-elle en montrant un endroit éloigné de l'établissement. Pendant que vous serez à l'intérieur, je jouerai avec les caméras pour m'assurer qu'on ne vous remarque pas.  

 

— Qui couvrira notre fuite ? 

 

— Moi, s'exprima à nouveau la beauté en souriant. J'ai eu un entraînement au sniper depuis notre dernière rencontre.  

 

— Tout ça entre tes crises de Ben & Jerry's ? marmonna Qin Rong.

 

Un faible sourire étirait ses lèvres et, comme prévu, Phish explosa.

 

— Va te faire foutre, espèce de nain !  

 

— Les enfants ! dit sèchement M. Stark d'une voix froide et autoritaire. Tenez-vous bien. D'autres questions ?  

 

— Quand est-ce qu'on y va ? 

 

— Demain soir, répondit-il en ajustant ses lunettes. Ce sera fini au matin. 

 

— Compris ! répondirent trois voix d’un ton professionnel et confiant.

 

*   *   *

 

La mission était censée être simple. Entrer, éliminer la cible, récupérer le paquet et sortir.

 

Mais quand est-ce que les plans de quelqu'un se déroulaient toujours bien ? 

 

*   *   *

 

Le lendemain soir, la mission commença et ils rencontraient déjà un obstacle.

 

Il pleuvait.

 

Le bâtiment dans lequel ils devaient s’introduire était au milieu d'un terrain de terre, ce qui permettait de repérer facilement toute personne arrivant. C'est pourquoi ils avaient choisi d'y aller de nuit plutôt que de jour. Il y avait plus d'endroits pour se couvrir. 

 

Mais la pluie compliquait les choses puisque la boue et l'eau les ralentissaient. Sans compter qu'en entrant dans le lieu humide, ils ne pouvaient que laisser des traces.

 

— Devrions-nous reporter la mission ? demanda Coyote en observant de sa cachette à quelques mètres de là.

 

 Il surveillait la zone autour de l'enceinte. Grâce à la pluie, il y avait moins de gardes à l'extérieur, mais le temps rendait difficile de dire quelles autres mesures de sécurité pouvaient être mises en place.

 

— Si on fait ça, on pourrait manquer notre chance, souligna Qin Rong en sécurisant son équipement. 

 

Comme il n'allait faire que voler quelque chose, il n'avait pas ressenti le besoin de ramener beaucoup d’armes. Un simple couteau de l'armée devrait suffire. 

 

— On ne sait pas quand la cible et le paquet se retrouveront à nouveau au même endroit.  

 

— Et puis notre client veut que ce soit fait ce soir, donc nous devons avancer, fit remarquer Phish.

 

 Sa voix était claire et nette à travers leurs écouteurs.

 

 En tant que hacker, Phish était prête à entrer dans le réseau de l'établissement, mais était loin de l'action. Une fois les objectifs de Coyote et Qin Rong atteints, elle devrait prendre son sniper pour les couvrir.

 

Mais encore une fois, la pluie compliquait les choses.

 

— Nous sommes des professionnels, proclama Qin Rong.

 

Il avait revêtu son blouson.

 

— On fait notre travail, ajouta-t-il. 

 

*   *   *

 

Entrer dans l'établissement était, comme prévu, difficile. Qin Rong ne savait pas comment Coyote comptait faire, mais lui devait se faufiler par les aérations du toit. Ce qui signifiait qu'il devait escalader le côté du bâtiment.

 

Sous la pluie.

 

Sans être vu.

 

Avait-il mentionné que le bâtiment comptait sept étages ? Non ? Eh bien, c'était effectivement aussi haut que ça. Il dut plusieurs fois esquiver les projecteurs surveillant la zone, ce qui lui fit perdre du temps et rendit la tâche beaucoup plus difficile.

 

Lorsqu'il arriva enfin au sommet, vingt minutes s'étaient écoulées et le jovial Coyote l'informa qu'il était déjà à l'intérieur. Il demanda même si Qin Rong s’y trouvait aussi.

 

— … Fais juste ton putain de travail, dit-il sèchement.

 

Il espérait être entendu par-dessus la pluie. Coyote ricana et Qin Rong le mit en sourdine alors qu'il se faufilait dans les conduits d'aération.

 

Comme prévu pour un si grand bâtiment, les bouches d'aération étaient assez grandes pour qu'il puisse y entrer. Il était petit, donc même si un adulte normal pouvait trouver ça exigu, il avait beaucoup d'espace. Et puis toute l'eau permettait de s'y glisser facilement.

 

Il se glissait dans une bouche d'aération quand il entendit une voix.

 

— T'es là, Lutin ? demanda Phish à son oreillette avec une impatience visible. Coyote est déjà en train de localiser la cible. 

 

— Sept étages. Sous la pluie, lui chuchota-t-il avec colère. 

 

Il ne pouvait pas permettre à sa voix de faire écho.

 

— Et tu te prends pour un professionnel, renifla-t-elle. 

 

Qin Rong ne dit rien, atterrissant doucement au fond du conduit.

 

 — Oh, hey, pour info, je vois des signatures thermiques. 

 

— En dessous de moi ? demanda-t-il en pensant qu'il y avait peut-être des gardes à proximité.

 

— Non. Devant toi, dit-elle, l'air confus.

 

 Le son de frappes rapides résonna dans son oreillette avant qu'elle ne crie. 

 

— Oh, merde, sors de là maintenant ! 

 

Avec une facilité étonnante, Qin Rong trouva une issue et se glissa dehors au moment où la bouche d'aération fut remplie de flammes. S'il avait hésité une seconde de plus, il aurait été brûlé vif. Malgré l'expérience de mort imminente, Qin Rong fut plus confus qu'effrayé.

 

— Des flammes ? Sérieusement ? dit-il en voulant vraiment se facepalm. Qui place un lance-flammes dans un conduit d'aération ? 

 

—  Pourquoi tu me demandes ? rétorqua Phish.

 

Elle semblait visiblement agacée par tout ce bavardage. 

 

— Bouge-toi, Lutin.  

 

— 'Kay ~ soupira-t-il en s'étirant pour se préparer. 

 

Devant lui se trouvait un long couloir. Il y avait des caméras, mais la lumière clignotait en rose, il savait donc que Phish les contrôlait. 

 

— Où suis-je là ?  

 

— Cinquième étage, couloir... huit, répondit-elle en faisant entendre d'autres clics à travers leur connexion. Le paquet est deux étages en dessous de toi, salle numéro 1342-k. 

 

— Compris, je prends l'ascenseur. 

 

Il courut dans le couloir, faisant attention de ne pas se faire repérer par les gardes.

 

— Ou tu peux prendre l'escalier, puisque c'est plus proche. 

 

— Ça prendra trop longtemps, lui répondit-il dans un chuchotis.

 

Il regarda au coin et repéra deux gardes qui lui tournaient le dos. Silencieusement, il s'approcha d'eux, glissa son couteau hors de son fourreau et en poignarda un dans le dos. Alors que l'autre sortait son arme, Qin Rong se servit du premier comme bouclier.

 

Un unique coup de feu retentit avant que Qin Rong ne parvienne à leur trancher la gorge. La balle s'était logée dans son rempart improvisé, lui coupant le souffle. Il prit une minute pour s'assurer que les renforts n'arrivaient pas avant de cacher les corps.

 

Malgré la rapidité du combat, Qin Rong était impatient. Il avait pris du retard et s'il échouait à sécuriser le paquet avant que la cible ne soit éliminée, il lui serait difficile de s'échapper.

 

D'où sa ruée vers les escaliers quand il remarqua que l'ascenseur s'activait avec une carte.

 

Ce n'était vraiment pas son jour !

 

Lorsqu'il réussit à trouver la salle qu'il cherchait, le paquet se trouvait au centre de la grande pièce vide sur une petite plate-forme. C'était dans une petite boite rouge, comme décrit dans la déclaration de mission. Qin Rong sortit un vaporisateur et le fit circuler dans la pièce. Comme prévu, une grille formée de rayons laser. Probablement des vrais aussi, si cette journée pouvait empirer.

 

— Pas de temps à perdre, marmonna-t-il en étirant ses muscles.

 

 Il y avait une grande distance entre la porte et la plate-forme. Prenant une position de départ de course, le jeune homme sauta dans la grille, son corps se tordant et se retournant entre les rayons avec aisance.

 

C'était grâce à cela, son agilité et sa flexibilité, que son surnom était Lutin, à son grand regret. Bien qu'il déteste ce nom, c’était ses compétences qui lui avaient permis de survivre dans son domaine pendant si longtemps.

 

Il atteignit la plateforme, utilisant un coupe-verre pour tailler un espace et lui permettre de saisir le paquet. À sa grande surprise, il s'agissait d'un simple bracelet en argent. Ce n'était pas du tout ce à quoi il s'attendait.

 

Dès qu'il toucha le métal froid, il entendit une voix, non pas celle de Phish ou la sienne, mais une voix d'enfant. Petite et faible, suppliante.

 

— Je veux rentrer à la maison...

 

La voix lui chuchota à l'oreille, le distrayant un instant. À ce moment, sa main dérapa et le bracelet glissa de ses doigts.

 

Le monde devint rouge alors que les alarmes se faisaient entendre. Qin Rong sortit de son hébétude et saisit le bracelet, le glissa à son poignet pour qu'il soit en sécurité et s'enfuit, retournant sur le toit où devait se passer l’extraction.

 

Il avait mis Coyote en sourdine, il n'avait donc aucune idée de l'endroit où se trouvait l'homme. Il ne pouvait qu'espérer qu'il ait éliminé la cible. Le voyage vers le toit fut difficile, Qin Rong ayant dû combattre plusieurs gardes armés à mains nues. Son couteau ne pouvait pas faire grand-chose contre des hommes portant des gilets pare-balles.

 

Après un long trajet jusqu'au toit, Qin Rong s'y retrouva seul, la pluie tombant sur lui. Il saignait d'une blessure qu'il avait reçue lors du combat précédent et s'appuya contre un mur voisin. Il se sentait un peu plus en sécurité, sachant que Phish devrait sortir son sniper pour les couvrir.

 

— H… Hé, Phish, quelle est l'HPA (heure probable d'arrivée) de notre extraction ? 

 

 Il haleta, attendant une réponse. N’en recevant aucune, il essaya de nouveau. 

 

— Hé ? Phish, t'es là ? Quelle est l'HPA de... 

 

— Désolé. 

 

C'est la dernière chose qu'il entendit alors qu'un coup de feu retentissait et que la douleur explosait en lui. La pluie couvrit son cri de douleur.

 

Il n'eut même pas la chance de se retourner alors que le bruit se reproduisait, ne lui apportant que l'obscurité.

 

Il était mort, poignardé dans le dos par ses partenaires.

 

Pourtant, sa dernière pensée fut qu'il ne verrait jamais comment son drama préféré allait se terminer.

 

❄❄❄❄❄❄❄

 

Notes :

 

[1] Phish veut dire hameçonner, dans le milieu de l'informatique (hameçonnage informatique).

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Chapitre 3

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