Le Prince de Glace et sa Fée

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Présenté par : Jinrou-Scantrad

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Traduction : Elrika

 

Correction : Angie

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Chapitre 3 : renaissance

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Avec le recul, Qin Rong ne pouvait pas s'empêcher de penser à tout ce qui lui manquerait maintenant qu'il était mort.

 

Tous ces mangas et ces bandes dessinées qu'il ne finirait jamais.

 

Toutes les émissions de télévision qu'il n'avait pas regardées.

 

Toute la nourriture qu'il avait été trop pauvre pour manger.

 

Ne pas avoir eu la chance de briser le cou du salaud qui l'avait tué.

 

C'est ce qui le dérangeait le plus. Il savait que c'était quelqu'un de leur équipe. Il ne pouvait pas être sûr de qui, car il y en avait plusieurs. Était-ce Phish, la salope hargneuse ? Ou peut-être ce pervers de Coyote ? C'était peut-être même M. Stark, dans le but de couper les liens avec lui.

 

C'était difficile à dire et il savait qu'il n'apprendrait jamais la vérité. C'était frustrant, mais telle était la vie. Ou la mort, dans son cas.

 

En parlant de ça, il était un peu confus. Il était conscient de son état, mais il n'avait jamais entendu parler d'une vie après la mort qui ne faisait que te laisser flotter dans le vide. Est-ce que c'était comme dans ces romans où les âmes étaient capturées par des systèmes et étaient envoyées au loin pour accomplir des tâches ?

 

Mais si c'était le cas, où était sa fête de bienvenue ?

 

Qin Rong se mit à crier pour essayer d'obtenir une réponse. Après de nombreuses tentatives, il s'arrêta, se lassant de cet effort inutile, et choisit de se détendre. Enfin, il pourrait, s'il y avait autre chose à faire.

 

Les minutes se transformèrent en heures, en jours et peut-être même en années, mais personne ne vint.

 

Qin Rong resta calme, habitué à être seul et isolé, ce n'était pas grand-chose pour lui. 

 

C'était juste ennuyeux.

 

Après ce qui sembla être une décennie, une lumière apparut devant lui, une voix faible et lointaine se faisant entendre. Il ne put en distinguer les mots, mais elle semblait énervée. Au moment où la lumière le consuma, une deuxième voix s'écria : 

 

[Ah merde, attends une sec...] 

 

*   *   *

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Qin Rong se sentait faible.

 

Tout son corps lui faisait mal et lui donnait l'impression qu’il était proche de la mort. Il avait le visage couvert d'une croûte et l'odeur lui donna envie de vomir. La seule raison pour laquelle il ne le fit pas, c'était parce qu'il n'avait rien à régurgiter.

 

Haletant, Qin Rong essaya de se calmer, comme il avait appris à le faire dans son enfance, pour comprendre ce qui se passait. Passer du vide à la douleur et la faim était pour le moins surprenant.

 

Ralentissant sa respiration, il essaya d'écouter les bruits environnants. Au bout d'une minute, il put presque distinguer le vent, mais c'était faible, ce qui signifiait qu'il devait être à l'intérieur. Ses mains tressaillaient depuis un certain temps, il savait donc qu'il était allongé sur un sol de pierre, dont la seule partie chaude était l'endroit où se trouvait sa poitrine nue. Tout le reste était froid, donc il était très probablement, soit dans un sous-sol, soit dans une grotte. Mais il pesait en faveur du premier, la pierre étant clairement de la brique.

 

Après quelques minutes de lutte, Qin Rong eut la force de se retourner, grimaçant de douleur. Ça ouvrait les putains de blessures sur son dos !

 

Se mordant la lèvre, il réprima un cri de douleur alors qu'il bataillait pour se redresser. L'exercice était, comme prévu, douloureux, mais en valait la peine. Son esprit était embrouillé par la faim et peut-être par une blessure à la tête, mais il ne pouvait pas en être sûr avant de s'être vu.

 

— Où diable suis-je ? se demanda-t-il en essayant de se débarrasser de ce qu'il avait sur le visage.

 

 C'était humide et ça sentait mauvais, mais c'était une odeur qu'il connaissait.

 

De la nourriture avariée et du vomi.

 

Où qu'il se trouve, ils avaient jeté de la nourriture avariée à une personne affamée. Cette personne avait probablement essayé de la manger et l'avait ensuite vomi après en être tombée malade. Qin Rong aurait été dégoûté si ce n'était la cruauté d'un tel acte.

 

À quel point cette personne avait-elle été désespérée d'avoir de la nourriture ?

 

Il finit finalement de se nettoyer le visage et jeta un coup d'œil à la pièce où il se trouvait. Il faisait sombre et humide, il était donc bien dans un sous-sol. Peut-être un prisonnier vu son état. Ce n'était pas une grande pièce et la seule source de lumière était une fenêtre à quelques mètres au-dessus de lui.

 

Il faisait nuit. La lune brillait à travers l’ouverture, éclairant quelque peu la pièce. Elle n’était pas très grande, mais assez pour qu'il puisse marcher et s'y tenir debout. À quelques mètres de là, il y avait une grande porte.

 

Lorsqu'il s'approcha pour essayer de l'ouvrir, il remarqua à quel point tout était grand pour lui. Ses mains étaient minuscules par rapport à ce qu'il supposait être une porte de taille normale.

 

Il était un enfant ?!

 

Se rappelant l'endroit brumeux où il avait flotté, il en conclut que les choses étaient actuellement très étranges et qu'il faudrait qu'il comprenne à quel point plus tard. D'abord, il devait s'échapper.

 

Il tâta le pourtour de la porte, essayant de trouver les charnières pour pouvoir les défaire. Comme on pouvait s'y attendre d'une prison, elles étaient à l'extérieur. Il ne prit pas la peine d'appeler à l'aide non plus, car s'il était enfermé là, il doutait que ceux qui l'y avaient mis soient soucieux de le laisser partir.

 

Alors que son estomac criait famine, Qin Ring s'écarta et essaya de trouver une solution. Jusqu'à présent, la seule issue était la fenêtre, mais elle était très haute. Il pourrait escalader, mais, dans un corps si faible, ce serait difficile.

 

Devrait-il attendre le retour de ses gardiens ou s'enfuir ? 

 

Avant de pouvoir prendre une décision, il entendit des voix s'approcher. Elles étaient deux et semblaient appartenir à des hommes plus âgés. Méfiant, Qin Rong jeta un coup d'œil à la pièce, espérant repérer quelque chose qui pourrait bloquer la porte, mais l'endroit était vide.

 

— Merde, murmura-t-il.

 

 Ses premiers mots en ce monde très appropriés pour son caractère.

 

Ses yeux se posèrent à nouveau sur la fenêtre. L'espace entre les barreaux semblait assez grand pour convenir à un enfant, alors peut-être...

 

— J'espère que l'avorton n'est pas encore mort, se plaignit un des hommes à l'extérieur. Ça ne vaut pas grand-chose si c'est un cadavre. 

 

Cet enfant est déjà mort, salauds ! 

 

Qin Rong fusilla la porte du regard, voulant à tout prix en découdre avec ces hommes qui parlaient avec tant de désinvolture d'un enfant. Comme cela avait dû être effrayant, être piégé dans un endroit aussi sombre tout en essayant de survivre. 

 

Et mourir quand même.

 

Sa rage l'aida à se déplacer alors qu'il courait vers le mur, son corps léger accélérant sur la courte distance. Avant d’atteindre celui-ci, il sauta. Avec une précision experte, il atteignit directement le bord de la fenêtre, s’y suspendant. 

 

Comme prévu, il lui fallut un moment pour se soulever, à cause de son corps affaibli par la faim, afin de passer à travers les barreaux. Durant ce court laps de temps, la porte de sa prison s'était ouverte.

 

— Lève-toi et brille, petit… H… hey, il est où ?! cria l'homme.

 

Sa voix était beaucoup plus proche qu'avant. 

 

D'en bas, il continua à crier :

 

 — Descends de là, petit ver ! 

 

Pour des raisons inconnues, Qin Rong sentit son cou brûler. Il cria, se grattant la peau alors qu'il glissait entre les barreaux pour atterrir sur l'herbe, à l'extérieur. Malgré la douleur, il continua à avancer, rampant jusqu'à ce que les voix s’estompent. 

 

Il poursuivit alors son chemin, ses pas instables tandis qu'il essayait de s'éloigner. Il ne comprenait pas ce qui s'était passé, mais il n'allait certainement pas rester là.

 

Il se retrouva dans une forêt, les arbres le surplombant et le protégeant des regards. Appuyé contre un de ceux-ci, il essaya de reprendre son souffle, sa gorge le brûlant encore légèrement.

 

Qin Rong n'avait rien senti le toucher, mais il pensait que c'était sûrement quelque chose d'interne. Une micropuce, peut-être ?

 

Non, l'endroit avait l'air un peu trop médiéval pour ça. Ou peut-être que c’était ses gardiens qui étaient vieux jeu ? C'était difficile à dire.

 

— Je pense qu'il est parti par là. 

 

— Merde, marmonna-t-il, accroupi.

 

 Il ne s'attendait pas à ce qu'ils le trouvent si vite. Il était petit et faible, mais agile, il avait donc espéré être allé assez loin.

 

Pas de chance.

 

Il courut donc sur ses jambes fines comme des bâtons,  l'estomac vide, évitant d'une manière ou d'une autre ses poursuivants jusqu'à ce qu'il atteigne une falaise. Bien en dessous de lui, il pouvait entendre s'écraser les flots d'une rivière.

 

Il envisagea de sauter, mais braver des rapides en pleine nuit serait sûrement suicidaire, surtout avec un corps aussi faible que le sien. Coincé, il chercha un moyen de s'échapper, mais fut rapidement retrouvé par ses ravisseurs.

 

— Pas d'autre endroit où se cacher, petit morveux, ricana un homme avec une corde dans sa main.

 

Le deuxième bloquait la seule autre issue. Ils étaient dissimulés par l'obscurité, mais Qin Rong pouvait dire qu'il était surpassé. C'était des adultes et lui n'était qu'un enfant sans armes ni temps pour élaborer un plan. 

 

Il fit donc la meilleure chose qui lui restait à faire.

 

Il sauta.

 

*   *   *

 

Comme prévu, l'eau l'emporta, s'écrasant sur lui et le ballotant dans tous les sens. Il voulut crier, mais fut rapidement étouffé par les vagues qui cherchaient à le noyer. Alors qu'il coulait finalement sous l'eau, il sentit sa conscience s'évanouir.

 

Allait-il mourir si tôt ? Ce fut sa dernière pensée avant que l'obscurité ne l’envahisse.

 

*   *   *

 

Le soleil matinal se leva lentement, mettant en lumière tout ce qui avait été caché des heures auparavant. Les oiseaux pépiaient vers le ciel, s'envolant de leur nid pour trouver de la nourriture et se posant au bord de l'eau. Un des volatiles se posa au bord de la rivière désormais calme pour en prendre une gorgée.

 

Alors qu'il s'approchait, une petite main jaillit de l'eau et saisit la créature. Celle-ci se débattait sans succès, le reste du corps émergeant et dévoilant un petit enfant.

 

Avant même que l'animal ne puisse regretter son choix de boire ce matin-là, son cou fut brisé.

 

— Whohoo ! Petit-déjeuner. 

 

 Qin Rong toussa, essayant de reprendre son souffle. Il regarda l'oiseau, maintenant mort, et soupira. Ce n'était pas grand-chose, mais c'était certainement mieux que rien.

 

Alors qu'il préparait son repas, il essaya de comprendre tout ce qui s'était passé.

 

Il était définitivement mort, mais maintenant, il était vivant dans le corps d'un enfant. Comme ces romans dont ses collègues aimaient parler. Ça, il pouvait l'accepter. Son travail l'obligeait à s'adapter aux changements, quoi qu'il se passe.

 

Mais renaître dans le corps d'un enfant à moitié mort, c'était un peu trop.

 

Se brossant les cheveux, il finit par remarquer qu’il ne savait pas à quoi il ressemblait. Sa chevelure était assez longue, elle frôlait le haut de son dos, mais la couleur n’était... Sûrement pas bleue, n'est-ce pas ? 

 

Il déposa son repas près du feu et s'approcha de la rivière pour se faire une meilleure idée. Ce qu’il découvrit fut... à la fois terrifiant et incroyable.

 

Il était absolument magnifique.

 

Même s'il était émacié, ça restait un spectacle à voir. Ses cheveux, bien qu'ils soient emmêlés et entortillés, étaient d'un bleu vibrant et lumineux, juste une nuance plus sombre que le ciel. Des yeux d'or pur le fixaient, entourés d'épais cils qui captivaient l'œil. Même sa peau, pâle, probablement en raison de son manque d'exposition au soleil, était attrayante, faisant penser à un œuf sans sa coquille.

 

Ce corps... C'était un garçon, pas vrai ?!

 

Qin Rong vérifia rapidement soupirant de soulagement que les dieux de la réincarnation ne lui aient pas enlevé une telle chose. Quelle cruauté cela aurait-il été de se retrouver sans virilité après avoir été tué.

 

Mais la question demeurait, que devait-il faire ? 

 

Qui que soient ces gars, il semblait qu'ils aient abandonné ou qu'ils aient pris un autre chemin pour retrouver son corps. Il n'avait aucune idée de la raison pour laquelle ils le voulaient tant, mais il ne pouvait pas exclure qu'ils soient toujours à sa recherche.

 

Ils avaient clamé avoir besoin de lui vivant pour quelque chose. Peut-être qu'ils interrogeaient le gamin ? Cela expliquerait la famine. Les enfants étaient beaucoup plus faciles à briser que les adultes, mais pourquoi auraient-ils besoin de lui ? Avait-il été seul ou y'en avaient-ils plus entre ces murs ? 

 

Tout cela lui traversait l'esprit alors qu'il mangeait, grimaçant devant la viande sans saveur qui soulageait son ventre vide. Comme il s'y était attendu, ça ne remplissait pas tellement, mais c'était mieux que rien.

 

Il détruisit rapidement son campement et se rhabilla, quittant la région après avoir couvert ses traces.

 

Il devait trouver quelque chose de plus consistant à manger.

 

*   *   *

 

Après avoir erré un peu dans la forêt, Qin Rong ne put s'empêcher de soupirer. 

 

— Je vais mourir de faim ! craqua-t-il.

 

Il ne se souciait pas d'effrayer un quelconque gibier potentiel. Ce n'était pas comme s'il y en avait un qui s'était approché de lui depuis le début. Comme s'ils pouvaient sentir son intention de les tuer, tous le fuyaient. 

 

Chaque fois qu'ils le regardaient (ce qu'ils faisaient chaque fois), ils lui lançaient un regard de pure trahison, comme s'il leur avait fait du tort.

 

— Je veux juste manger, bon sang ! se plaignit-il en se laissant tomber par terre. 

 

Dans ce genre de situation, il aurait mangé quelques-unes des nombreuses baies et champignons qu'il avait repérés, mais rien ne lui semblait familier.

 

Son ancien corps s'était adapté aux poisons et était fondamentalement immunisé, mais cet enfant ne l'était pas. Pire encore, même s'il le voulait, son enveloppe était trop faible pour même essayer.

 

Alors que l'idée de grignoter de l'herbe lui traversait l'esprit, une odeur de viande fraîchement cuite le frappa. Se relevant d'un bond, Qin Rong courut vers elle, sans se soucier de savoir si c'était encore ces gars.

 

Il voulait juste manger !

 

Il se retrouva bientôt face à un haut mur de briques avec des pics encastrés au sommet. Reniflant, Qin Rong grimpa à un arbre voisin pour franchir le mur, roulant sur lui-même pour s'arrêter après avoir sauté de l'autre côté. Il y avait là un grand jardin luxuriant, rempli de fleurs et de plante qu'il ne connaissait manifestement pas.

 

Il se permit de prendre quelques fruits, se disant que les gens n'en plantaient pas des toxiques dans leur propre cour. Il les rangea dans un sac à dos qu'il avait fabriqué ce matin-là. Il était presque vide, mais il contenait maintenant une liane qu'il utilisait comme corde et une grappe de fruits.

 

S'enfonçant plus profondément, Qin Rong resta à l'écoute, s'assurant de ne pas être vu. Il n'y avait aucun moyen de savoir dans la cour de qui il venait de s'introduire. Malgré cela, son esprit était presque uniquement concentré sur l'odeur de gibier.

Il trouva bientôt une petite table avec deux chaises de chaque côté. Sur celle-ci trônait un plateau couvert, mais il savait ce qu’il y avait en dessous.

 

DE LA VIANDE !!!

 

Se précipitant, il jeta le couvercle pour révéler sa récompense. Un gros poulet rôti, de la purée de pommes de terre et du riz blanc comme neige. Ça fumait encore, ce qui signifiait que c'était frais. Qin Rong bava ouvertement sur le poulet.

 

Une partie de lui se sentit mal de désirer la nourriture d'une autre personne, mais celle-ci était clairement bien lotie, donc ça ne la dérangerait pas s’il mangeait un morceau, n'est-ce pas ? 

 

Avec cela pour soulager sa conscience, il entama le plat, mettant autant de nourriture que possible dans sa bouche. Bien qu'il ne soit pas un grand fan de plats occidentaux, Qin Rong n'était pas un mangeur difficile, alors il se régala énormément.

 

Il se délectait tellement qu'il ne remarqua pas l'approche d'un autre enfant avant qu'il ne soit juste derrière lui.

 

— Mhm, excusez-moi ? 

 

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